Sud Conseil Nord

Sud Conseil Nord

Conférence sur le vodoun au Bénin

 

LE VODOUN AU BENIN

 

            Le vodoun est un sujet sensible et délicat qu'on ne saurait aborder sans implorer l'indulgence des esprits. Pour en parler, il faudrait en effet être soi même vodounon ou vodounsi, c'est à dire avoir connu le pacours d’initiation.

 

Le Benin comme berceau du vodoun

 

            Le Bénin est considéré comme  le berceau du Vodoun même si cette religion s'est développée ailleurs notamment au Nigeria où  il est mieux connu  sous le vocable d' ORISHA et dans les Antilles. Au Bénin, c'est particulièrement dans le sud qu'on peut chercher les origines du vodoun qui est beaucoup  pratiqué sur l'aire culturelle Adja-tado. D'Allada à Abomey en passant par Kétou et Hogbonou, ces villes du bénin ont joué un rôle actif dans le développement du vodoun à travers le monde par la traite des noirs vers les Antilles. C'est la raison pour laquelle au retrouve à  Haiti,  des pratiques du vodoun par exemple .Toussaint Louverture, un des héros de la libération de ce pays et sa famille sont originaires de la ville d'Allada au Bénin, ville dont ils ont gardé le culte vodoun comme lien avec leur terre  d'origine.

 

Le vodoun : une réligion à part entière

 

            Le vodoun ne se limite pas à des pratiques " animistes "et " divinatoires ", c'est une religion à part entière. C'est une conception et une explication du monde qui possède des outils  assurant la relation entre les éléments de la nature et l'homme. Le vodoun est une force de la nature,  une force qu'il  ne faut appréhender pas  à l'état brut et violent mais sous une forme assagie  et maîtrisée parce que les ancêtres ont su le domestiquer et le mettre au service des hommes. Il peut être utilisé  à des fins nuisibles et néfastes à l'homme. Mais ceci n'est pas le fait propre du vodoun qui est , par essence originellement bienfaisant. Par exemple,a notion sacrée de la nature est considérée comme un concept de développement durable avant la lettre dans la philosophie vodoun. La forêt est un des éléments vitaux de l'homme, elle doit être épargnée et pour ce faire, on la sanctifie et on le déclare inaccessible à la multitude. Des cérémonies particulières sont prévues à cet effet

             

             Des mythes fondateurs du vodoun, on retiendra qu'à l'origine en effet, ciel et terre n'étaient pas séparés. Puis un jour le ciel s'éloigna de la terre. Depuis, Mahou, l'être suprême devenu pour les humains " l'inconnaissable ", a délégué la gestion de l'univers à ses fils, les vodoun. Ces derniers apparaissent en quelque sorte comme ses ministres chargés des " relations terrestres et humaines ", chacun dans le domaine qui lui a été dévolu. Le vodoun du Tonnerre, Hèbiosso, par exemple, régit les phénomènes d'origine céleste, atmosphérique, et sa justice s'exerce par la foudre qui frappe les traîtres, les parjures, les meurtriers. Sakpata est le maître de la Terre. Il nourrit l'homme en lui donnant maïs, mil et autres céréales, mais le punit quand il est offensé en faisant apparaître sur sa peau le grain qu'il a mangé, la variole ; c'est pourquoi on l'appelle aussi le " roi des Perles ", par allusion aux pustules varioliques. Dan Ayido Hèvèdo, le " Serpent arc-en-ciel ", le " Souffle qui enveloppe l'univers " et s'enroule autour de la Terre pour la soutenir, contrôle tout mouvement, régit le cours des eaux et assure réussite, fécondité et richesse. Gou, le maître des Métaux, est la " divinité " de tous ceux qui travaillent avec du fer (forgerons, cultivateurs, guerriers, chasseurs, pécheurs, coiffeurs ... ) et par extension de toute activité humaine " technique " ! Il reçoit toujours sa part de louanges au cours des cérémonies en l'honneur d'autres " divinités ", car sans le couteau qu'il permet de forger, aucun sacrifice ne serait possible.

 

            En ordonnant ainsi le monde, l'être suprême a pris soin de décourager un éventuel complot à son égard. Chaque vodoun aura sa langue spécifique, inconnue des autres. Seul Lègba, son plus jeune fils, qui n'a reçu aucun domaine " tangible " en partage, les connaîtra toutes. Maître de la Parole, de la Communication, Lègba, associé à Fa, le Destin, sera le messager universel et "ouvrira"  en avant-garde, toutes les cérémonies

.           Pour interpréter le monde dans lequel il évolue et en comprendre le fonctionnement qui le régit, ceci dans le but d’être en parfaite symbiose avec la nature, l’adepte du vodoun a recours à un certain nombre d’outils qui ont des fonctions complémentaires, nécessaires au respect de l’ordre. En dehors des divinités, certaines pratiques cultuelles contribuent à la compréhension du monde.

            En effet, dans le milieu vodoun, les défunts vivent à condition que les vivants leur vouent respect et culte  à travers des autels. L'homme est en effet considéré comme éternel et la mort est un voyage permettant au défunt d'accéder à l'éternité. Revenants et défunts existent et cohabitent avec les vivants  et on retrouve leurs esprits dans les choses et les éléments de leur environnement. On se retrouve dans un double continuum: homme-nature et défunt-vivant. C'est à travers ce lien que se cimente la cohésion sociale et familiale dans ces communautés.

             Pour accéder au panthéon des ancêtres, lu défunt passe par un  voyage rituel qui s'accomplit en trois étapes : L'enterrement qui a lieu entre le 3è et le 7è jour puis, l'enlèvement de deuil qui se déroule généralement le 41è jour et la panhéonisation qui intervient entre le 3è et le 9è mois. Dans chaque maison, il existe des endroits qui leur sont réservés et  où on les vénère. Ce sont des autels érigés et décorés avec des objets ayant appartenu aux défunts dans des endroits précis des concessions familiales. Ce sont de véritables temples construits en l'honneur des divinités et des ancêtres.

            L'initiation au vodoun suit un rituel construit autour de l'idée de mort et de résurrection. Elle dure entre 3 et 9 mois. Au cours de cette phase, la divinité « tue » son pupille lors d'une épreuve particulièrement éprouvante, puis, on procède au réveil du « mort »qui, ayant épousé la divinité, reçoit son nouveau nom: le « nom fort ». Commence alors l'instruction qui dure entre 9 mois et 3ans. On y apprend les chants, les danses et les rites sacrificiels propres  à chaque vodoun. Une succession d'épreuves dont certaines par le feu attestent que l'initiation a bien eu lieu. Le retour à la  vie profane est long et difficile et l'initié est tenu d'affirmer son nouveau statut lors d'une cérémonie  sur la place publique par des danses et des processions .C'est après avoir exercé son art pendant un temps relativement long que l'on accède au grade supérieur de maître. Ils ne sont pas très nombreux à cause d'une sélection difficile. Peu nombreux, les maîtres vodoun jouent un rôle social très important en matière de mobilisation sociale et ils constituent pour ce faire, de véritables personnes ressources que l'on peut mettre à contribution dans un processus de développement .

 

 Le 10 Janvier, célébration de la fête du culte vodoun au Bénin

 

            Dans le cadre de la politique de valorisation du patrimoine culturel de notre pays, il a été institué sous la présidence de Nicéphore Soglo au début des années 90, la célébration de la fête nationale du culte vodoun le 10 janvier. A l'instar des autres religions qui ont leurs jours fériés, les cultes traditionnels vont se voir accorder une attention particulière et le vodoun, religion traditionnelle au Bénin en a été honoré. Il s'agissait de reconnaître l'apport des religions traditionnelles dans le cadre de la cohésion nationale parce qu'elles participent  aussi à la mobilisation des populations autour des objectifs  politiques socio communautaires. Elles ont joué un rôle important lors des moments historiques par l'organisation des processions pour la paix et surtout au cours des transitions politiques nationales.

            C'est donc dans un esprit de promotion des valeurs, des us et coutumes du Bénin aux plans national et international que la décision a été prise. Dans ce cadre, il a été organisé un festival international des cultures vodoun dénommé OUIDAH 92. Au cours des festivités et dans la préparation du festival OUIDAH 92, des  repères historiques liés à la déportation des noirs ont été érigés de façon symbolique pour identifier leur voyage vers les autres continents les Antilles notamment, Haïti et les Amériques.

            C'est aussi dans une volonté de marquer un retour aux sources que le festival connaît un large écho auprès de la diaspora qui revient chaque année sur la terre de leurs aïeux, désireux de retrouver leurs racines.

            Le fête du culte vodoun se voit ainsi reconnaître de plus en plus des dimensions internationales car, outre les afro antillais, afro américains , haïtiens et bien d'autres, des chefs dignitaires des pays voisins se joignent à l'organisation pour apporter une consécration à ce jour.

 

           



18/01/2008
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 65 autres membres